Deuxième partie:
A l’époque où, sur Terre, Christophe Colomb découvrait l’Amérique, le clan Digir créait un générateur expérimental utilisant une technologie basée sur l’état fondamental de la matière. Peu après, les Digir donnaient aux Atrahasis des sources d’énergie extrêmement puissantes et, alliés au clan de navigateurs Ninlil, ouvraient la perspective du voyage spatial à leur espèce. Grâce à la technique du saut spatial, il fallut n’attendre qu’un siècle et demi pour qu’un consortium de clans découvre une planète hospitalière, baptisée Razh, et trente années supplémentaires afin qu’une colonie s’y installe.
Les conditions de vie de Razh favorisèrent la vitalité et la fertilité des colons, si bien qui prospérèrent bien au-delà des prévisions initiales. La vigoureuse population de Razh, menée par les chefs de trois clans principaux, les Akalam, les Illura et les Ninlil, se dissocia rapidement de la culture d’Atra et de ses traditions ancestrales. Bientôt les trois clans décidèrent de n’en former qu’un, les Razhasis, et décrétèrent unilatéralement l’indépendance de Razh.
Les anciens Atrahasis, outrés par cette décision contraire aux principes fondateurs de leur culture, déclarèrent la guerre à leurs jeunes cousins rebelles. Les Razhasis, cependant, possédaient un sens des initiatives et une vitalité depuis longtemps assoupies chez leurs anciens chefs : ils rasèrent Aya, la cité-capitale d’Atra, tuant au passage le Shulgi et de nombreux chefs de clans. Les représailles qui s’ensuivirent furent barbares, et ce qui était annoncé par les belligérants des deux camps comme une opération-éclair se transforma en guerre totale.
Le conflit dura longtemps et décima les rangs des guerriers dans les deux camps. Une découverte terrifiante instaura pourtant un cessez-le-feu aussi inattendu que bref : 99% de la population Razhasi étaient infectés par un micro-parasite natif de leur colonie. Ce fléau altérait le patrimoine génétique de ses victimes et, au fil des générations, diminuait la fertilité des mâles. Le parasite ne pouvait s’étendre qu’en trouvant de nouveaux hôtes, ce qui expliquait la vitalité des Razhasis.
Les autorités de Razh, peu versées dans le domaine de la médecine, offrirent de déposer les armes et de se rendre en échange de l’aide des scientifiques d’Atra. La survie de leur jeune clan à moyen terme était en jeu. Atra, drapée dans ses principes, traumatisée par la guerre et effrayée par la contagion, refusa de manière catégorique. Le conflit se mua soudain en guerre d’extinction et il ne fallut pas longtemps pour que des Razhazis vengeurs infectent à leur tour des Atrahasis.
Conscients que leur espèce courait droit à l’extinction, certains chefs des deux factions se réunirent en secret. Ils décidèrent d’isoler autant d’individus non-infectés que possible et de les envoyer dans l’espace, à bord d’un vaisseau-colonie, en attendant que le conflit s’achève d’une manière ou d’une autre. Si le parasite était vaincu, ces exilés pourraient revenir. Et si les deux camps s’exterminaient, ils pourraient revenir sur Atra après la disparition naturelle du parasite.